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L214 : le néo-fascisme gentil

par Erasmus Tharnaby

L214 : le néo-fascisme gentil

La comparaison des moyens, de la phraséologie, de l'iconographie suggère certains rapprochements entre les différents mouvements de contestation actuels comme le mouvement anti-nucléaire, le mouvement anti-spéciste et le mouvement contre le droit à l'avortement.

On peut d'emblée se demander si ce n'est pas seulement le mode d'entrée dans la sphère médiatique qui oblige ces mouvements à adopter les mêmes types de discours outranciers et démagogiques, les mêmes actions spectaculaires, les mêmes iconographies à l'hémoglobine, les mêmes méthodes de piratage. C'est certainement vrai : attirer l'attention des médias nécessite de parler fort avec des images choc.

Mais il y a surtout des points communs idéologiques. Les mêmes types de discours moralistes enfourchent les mêmes fausses évidences, les mêmes simplifications à destination des journalistes, les mêmes genres de vidéos choquantes à destination de Youtube, les mêmes slogans. Le principal de ces points communs est l'anti-humanisme.

Quand certaines multinationales, dirigées surtout par des gens d'extrême-droite, ont décidé de réactiver l'écologie après la Seconde guerre mondiale, elles ont créé le Club de Rome et le WWF en particulier. Un réseau de militants de haut niveau s'est rapidement mis en place, en particulier dans les milieux universitaires anglais et américains (Gregory Bateson, Bertrand Russell et tant d'autres), pour relayer un discours malthusien : on a ainsi créé le concept abject de surpopulation. Ont suivi une foule d'études plus ou moins fantaisistes, comme le Rapport Meadows qui fit longtemps autorité pour marteler que "l'Autre est toujours trop nombreux". Message impérialiste s'il en est.

L'écologie s'est donc rapidement fixée sur le discours anti-nucléaire, s'appuyant sur des dangers réels totalement hystérisés pour perturber à la fois la production et la recherche de solutions moins dangereuses. Le danger principal du nucléaire reste, pour les malthusiens, d'être capable de fournir, à terme, une quantité d'électricité considérable à peu de frais, l'énergie étant le moteur principal de l'accroissement du bien-être des humains et de leur émancipation.

Les animalistes ne s'attaquent pas directement à notre développement : ils s'insinuent dans nos modes de vie pour instiller dans les consciences des évidences qui imposent le consentement. Mais l'hyperbole mène aux mêmes cibles : hors de toute logique, la valeur de la vie humaine égale, finalement, celle d'un animal quelconque, une poule, un porc, un rat. Les fidèles de cette nouvelles religion n'évoquent la sensibilité animale, l'intelligence, les sentiments des animaux que pour minimiser la nôtre, la rendre au mieux négligeable, au pire méprisable. L'expression la plus simple de cette doctrine très New Age reste le végétarisme, dont Pythagore reste le premier pratiquant célèbre. Le philosophe croyait en la réincarnation des âmes humaines dans les animaux.

De leur côté, les opposants au droit à l'avortement combinent les caractéristiques des militants de l'écologie malthusienne et celles des animalistes. En effet, rien ne maintien plus sûrement une famille dans la pauvreté que l'accumulation des naissances. La possibilité de contrôler ces naissances pourrait permettre à des familles pauvres de ne plus l'être, ce qui est insupportable pour un ultra-conservateur. L'interdiction de la sodomie par les religieux de tous poils relève de la même obsession : il est impensable qu'un couple puisse accéder librement à la conscience du plaisir sans avoir d'enfants.

C'est pourquoi l'association L214, qui s'est acheté les faveurs des médias en ce moment, ne fait que relayer un discours déjà vieux sous de nouveaux habits. L'ancien impérialisme anglo-saxon s'y déploie tout à son aise, nous bombardant d'évidences assez apparentées aux évidences xénophobes des partis néo-fascistes actuels.

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