Le loup et les moutons
Un article dans le dernier Marianne se fait l'écho d'un livre d'Anne Vallaeys intitulé Le Loup est revenu chez Fayard. Ce livre est une enquête sans concession sur la façon dont le loup s'est réintroduit depuis l'Italie sur le territoire français, puis s'est mis à proliférer avec la complicité des écologistes français.
Il ne s'agit pas de faire le résumé d'un article qui est lui-même le résumé d'un livre. Je n'ai pas lu ce dernier (peux pas tout lire...) mais l'article est déjà éloquent lorsqu'il évoque la façon dont les pouvoirs publics ont cherché à faire croire qu'ils dominaient une situation alors qu'elle leur échappe de bout en bout.
Il faut rappeler que la défense du loup en France est l'apanage d'un groupe d'individus qui ont tous en commun une vision de l'écologie détachée du réel, une sorte d'hallucination collective pleine de brebis stupides élevées par des bergers voués à disparaître avec le reste de l'humanité (tant qu'on y est...), des bouffées délirantes à base de gentil loup qui ne tue que pour se nourrir.
Pour s'en convaincre, il suffit de lire le texte d'un défenseur du loup publié dans le même numéro. Un certain Jean-François Darmstaedter, président d'une association philanthropique appelée Ferus ("sauvage" en latin) qui défend le loup toutes dents dehors. L'article s'intitule "Non aux battues aux loup dignes du moyen âge !". Il est vrai que la présence du loup n'évoque pas du tout le moyen âge... Pour l'instant, il n'y a pas encore eu de victime humaine. Les arguments de ce bienfaiteur de l'humanité sont surprenants et confirment ce qu'écrit Anne Vallaeys : pour ce médiéviste, la filière ovine française sous sa forme pastorale doit disparaître ou au moins s'adapter "à la présence du prédateur". On voit que cet expert s'est longuement imprégné du problème : "Oui, les troupeaux peuvent être protégés de la prédation. (...) La présence du loup est une chance pour nos écosystèmes, une aubaine pour l'écotourisme vert de qualité (...)." J'en passe...
Dans ces 6 pages d'hebdo, on trouve aussi un bref entretien avec José Bové, contre lequel une association écolo a porté plainte parce que le syndicaliste, dans un accès de lucidité, avait dit qu'il fallait tirer sur les loups s'ils menaçaient les éleveurs.
Le tribunal pour l'écologie, c'est une seconde Nature, on le sait bien...
Je propose à M. Darmstaedter et autres défenseurs de prédateurs d'aller exercer leurs talents en Inde du Nord où se trouve des candidats à la mesure de leur talent. Les tigres y sont tout à fait redoutables et n'attendent que leur arrivée pour les boulotter tranquillement. Ces doctes conseilleurs pourraient ainsi défendre, en donnant de leurs personnes, la cause qui leur est si chère : l'équilibre des écosystèmes. Qu'ils aillent, tous ces donneurs de leçons, ces apprentis sorciers en culottes de peau, appliquer par eux-mêmes les principes qu'Yves Paccalet propose dans son best seller : L'Humanité disparaîtra, bon débarras ! (cité par Marianne) On pourrait alors se féliciter et chanter en choeur avec les bergers soulagés :
L'écologie disparaîtra, bon débarras !