Syrie : les écologistes pris au piège
Jean-Vincent Placé vient de demander, au nom du principal parti écologiste, un vote au parlement en ce qui concerne une intervention en Syrie mais il y a très peu de chances qu'il soit entendu. Non seulement parce que le gouvernement ne le veut pas mais surtout parce que cela n'aurait strictement aucun effet sur la décision de François Hollande. Un tel vote ne peut être que consultatif car la Constitution ne le prévoit pas.
EELV se trouve ainsi tenaillé entre son appartenance au gouvernement, une fois de plus critiquable, et ses convictions pacifistes. Mais le parti est aussi pris au piège de sa propre propension aux bons sentiments. Le sort horrible des populations syriennes ne fait aucun doute et nous sommes loin, dans ce contexte, de la situation des Américains après les attentats du 11 septembre, obligés d'inventer des preuves pour détruire un ennemi imaginaire qui n'y était pour rien, dans le seul but de semer le chaos à travers le monde et de piller le Trésor fédéral.
Ici, au contraire, l'embarras des Américains et des Français est aussi palpable que l'arrogance de Bachar.
L'empressement surréaliste de Harlem Désir à dénoncer "l'esprit munichois" de la fronde anti-interventionniste témoigne d'une perte de repères et de sang-froid de la part de la Gauche. La nouvelle religion des Tartuffes de Boboland, la religion des Bons Sentiments, ne suffit plus à cacher l'amateurisme d'un camp politique qui écoute davantage ses traders que ses penseurs, plus DSK que Chevènement, plus les pauvres pamphlets de Paul Ariès que les oeuvres complètes de Jaurès.
Dommage. A un moment de l'Histoire où la Gauche aurait vraiment besoin d'être à gauche, les morpions de la Bonne Pensée se font entendre et menacent, aveuglément. Néanmoins, c'est une occasion historique de rompre avec les écolos : qu'ils s'en aillent !
Et ensuite, de ne pas aller en Syrie, mais pour de vraies raisons.