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Ecologique ? Une catastrophe ?

par Erasmus Tharnaby

publié dans Monde-Mondo

   Le propre du modèle systémique qui a donné, à l'écologie malthusienne, ses fondements logiques, c'est d'être universel. C'est un modèle qui avale toutes formes de théories, de domaines de recherche pour une faire autant de "théories systémiques de ..." On pense au livre de G. Bateson sur l'"écologie de l'esprit". Pourquoi serait-ce donc un oxymore ?

    L'écologie a hérité, comme la cybernétique, de ce pouvoir dissolvant, au point d'être devenu une sorte de leitmotiv dans les médias et la politique. TOUT se pare de vert, TOUT se met à se développer durablement, du moins pense-t-on y arriver, TOUT revêt le talisman invisible de la PURETE.

    Désolé. Je me suis toujours méfié de la pureté.

    Des hystériques qui veulent bouter les voitures hors des centre-villes aux xénophobes qui aimeraient une France bien blanche, tout ce petit commerce de la pureté m'inspire de la méfiance.

    L'histoire me donne en partie raison, qui plaça à la tête du Club des 1001 un riche raciste d'Afrique du Sud, et au dessus du berceau du WWF d'anciens nazis.

    Maintenant, et depuis déjà un moment, on parle de catastrophe écologique. Au sujet de la marée noire qui est en train de polluer les côtes des Etats-Unis, par exemple.

    On veut dire que la nature est écologique, j'imagine.

    La nature est-elle vraiment écologique ?

    Le vivant est-il écologique ?

    Dans ce cas, la pensée est-elle écologique ?

    Les concepts mathématiques sont-ils naturels ? écologiques ?

    Qu'est-ce qui est moins naturel ? Une molécule de méthane fabriquée par une vache ou celle qui résulte de la combustion imparfaite d'un hydrocarbure plus lourd ?

    En réalité, la catastrophe est qualifiée d'écologique parce qu'elle tue des plantes et des animaux, qu'elle zigouille impitoyablement une faune et une flore sauvage.

    Donc on comprend que ce qui est écologique, c'est ce qui est SAUVAGE, c'est à dire non atteint (souillé, disent-ils) par la main de l'homme (puisque la main de l'homme ne peut que souiller...).

    L'écologie, comme héritière de la pensée systémique, sert à dresser une frontière infranchissable entre ce qui est issu de la pensée humaine et ce qui ne l'est pas. En fixant les limites de chaque camp, elle comptabilise ce qui entre et ce qui sort. Elle fabrique de toute pièce un nouveau commerce, totalement moralisé (Ouh ouh, Cohn-Bendit, que fais-tu dans cette galère ?...), et met en vente du droit à polluer comme on vendrait une baguette dans une boulangerie.

   L'écologie comptabilise en passif TOUT ce qui est issu de la pensée humaine. Ainsi, l'art n'est pas sauvage. L'écologie n'aime pas ces constructions conceptuelles abstraites et éphémères, comme une oeuvre d'art musical. D'ailleurs, chaque fois qu'elle le peut, elle s'acharne à montrer que les bonobos, ces grands singes sympathiques et doux, font au moins aussi bien que nous pour compter jusqu'à 10. Mais hélas, ils ne peuvent pas chanter.

    L'écologie joue ici son rôle de buvard idéologique : la catastrophe est écologique car elle permet de fixer deux camps dans leurs limites intangibles, celles du "naturel". Ensuite, la comptabilité entre en jeu. On évalue les pertes (toujours naturelles) et les coupables (toujours humains) et on rédige une facture, dont on se soucie peu, en vérité, qu'elle soit ou non payée par l'entreprise pétrolière coupable de négligence. L'important est que cette facture, morale avant tout, alimente la haine envers l'espèce humaine.

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