L'Enfer est pavé de bons sentiments
Nos enfants fréquentent le système scolaire public français, comme beaucoup d'autres enfants de leur âge. Nous sommes donc, en tant que parents, régulièrement confrontés aux rituels du système, comme les conseils de classe, les réunions parents-profs, les élections de délégués, etc.
Les pires expériences en ce domaine, nous les devons sans aucun doute à la FCPE.
Dans le temps, quand j'étais moi-même collégien, j'entendais mes parents dire plutôt du bien de la "Fédération Cornec" du nom de celui qui lui avait, à cette époque, donné quelques couleurs républicaines.
Aujourd'hui, on entend, dans les médias, le président de cette fédération, Jean-Jacques Hazan, dire que les enfants n'ont pas besoin de devoirs de lecture à l'école puisqu'ils lisent, le matin en déjeûnant, sur les paquets de céréales !
J'ai déjà reçu un mail de sollicitation du responsable FCPE local cherchant des parents pour siéger aux conseils de classe. Ce responsable mettait en avant les avantages d'être représentant : le premier argument était qu'en se trouvant soi-même au conseil de classe, on pouvait défendre le cas de son propre enfant ! Bonjour, la représentativité !
Dans l'établissement où se trouvait mon fils, un professeur avait, comme on dit pudiquement, "du mal avec les élèves". Une pétition a circulé pour le faire renvoyer de l'établissement. Quelle unanimité ! On a réuni des témoignages, tous émanant de la bouche d'élèves. Tout le monde sait que ce que disent les enfants sur leurs professeurs est parole d'évangile. Puisqu'à Boboland, les mots d'un enfant sont à graver dans le marbre... Il y a même une mère qui voulait signer des deux mains alors que, disait-elle, son enfant n'avait jamais été en classe avec le professeur en question. Allô, la Kommandantur ?
Dans l'établissement local, avec la bénédiction des parents d'élèves, il existe un section bi-langue : dès la 6e, les enfants ont deux langues vivantes. C'est évidemment une forme d'élitisme qui pourait passer pour discrète si, dans la présentation qui est faite par l'équipe de direction, on ne se rendait compte que tous les projets éducatifs un peu intéressants sont programmés uniquement pour ces élèves-là. C'est vrai que c'est sûrement plus difficile d'organiser une sortie avec une classe de pauvres. Bonjour, l'égalité républicaine !
Les mêmes quadras, bobos à vélos, écolos jusqu'à l'os, nous les brisent à force de bons sentiments dans la sphère politique locale. Ils sont à la manoeuvre pour nous coller des stationnement interdits, des sens uniques, des rues piétonnes, des marchés de Noël en fausses cabanes de bois, des festivals du collier de nouille, des apéritifs-concerts conviviaux, des fêtes des voisins pochtrons, etc. Avec nos gosses, ils développent le même darwinisme social : toujours plus normatifs, toujours plus injonctifs, ils sacrifient l'équilibre des leurs et des nôtres sur l'autel de la rentabilité éco-citoyenne. "Comment est-il possible de ne pas être aussi formidable que nous ?"
Le pire vient au moment de l'orientation. C'est la foire d'empoigne et gare à qui ne vient pas avec son avocat, son cousin à l'Inspection académique ou son voisin neveu de ministre pour obtenir la BONNE place dans le BON lycée ! Là, les parents, toujours avec la bénédiction ou la complicité de la FCPE, sont capables de tout pour faire sauter un zéro ou un mot de travers sur le bulletin. Des fois que ça fasse louper l'inscription à Henri IV. Transformés en côôtches de champion, le couple parfois divorcé se retrouve avec effusions pour venir cogner sur le prof dans le bureau du proviseur. Verbalement bien sûr.
S'il vous plaît, vous qui lisez ce blog, n'hésitez pas à faire part de votre expérience.
Comme l'écrivait Emmanuel Kant : "L'école a deux ennemis mortels : l'Etat et les parents d'élèves."