Pascal Bruckner : Le fanatisme de l'Apocalypse
J'ai (enfin) trouvé le temps de lire attentivement le petit livre de Pascal Bruckner intitulé Le fanatisme de l'Apocalypse. On y trouve à peu près ce que je dis depuis plus de trois ans dans ce blog mais aussi dans le blog Ecologie totalitaire qui est hébergé pas Haut et fort. Mais tout y est exposé de façon assez littéraire, bien classé, avec des idées importantes et bien argumentées.
Les qualités documentaires de ce livre sont indéniables : il suffit de vérifier les informations, de relire les torchons des pseudo-penseurs écologistes pour s'en rendre compte. L'humour n'y est pas absent, évidemment, puisque le sujet s'y prête, le plus souvent sous une forme ironique parfois pas toujours facile à déceler. Mais quelques expressions cinglantes devraient rester dans les mémoires. Je les emprunterai ici et là dans ce blog en signalant leur provenance.
Le livre est structuré en trois parties, qui reprennent à leur compte les étapes du constat qui nous est seriné par la propagande. "La séduction du désastre" analyse les différentes formes de peurs que les écologistes agitent devant nos yeux, sur nos écrans, nos journaux. Elles ont pour dénominateur commun la haine de cette humanité désignée comme seule responsable des misères de la planète. Les "générations futures" sont ici prises en otage : la logique du propos écolo défend de penser qu'elles puissent être "sauvées". Elles servent de fausse monnaie dans un marché de dupe.
La planète, divinisée et devenue Gaïa, est le sujet de la deuxième partie. L'homme prend le visage d'un nouveau Prométhée et la ratiocination médiatique rappelle en boucle les termes de la malédiction. L'homme ne maltraite plus son environnement, il lève son poing vers le ciel et ne doit en attendre que la foudre. Notre époque est devenue l'ère des Cassandres armées du principe de précaution, des "je vous l'avais bien dit", prédicateurs à pas cher, des professionnels de la "débine" anti-science.
La dernière partie traite de la vengeance, de l'action à mener pour mettre "l'humanité au régime sec" (p. 201). La décroissance devient le maître-mot, la panacée,
la mère de tous les remèdes. Après avoir bien profité de l'économie du pétrole, nous donnerions volontiers des leçons de tempérance aux Africains et aux Asiatiques, en nous drappant dans la
morale la plus verticale, la plus religieuse, la plus obscurantiste.
Le grand "tort" de Pascal Bruckner est de s'en prendre aux médias, qui sont évidemment la cheville ouvrière du processus de colonisation des esprits en marche depuis les années 60. Qu'a-t-il eu l'imprudence d'écrire ? A trois reprises (p. 51, 93, 119), les médias sont clairement pris à parti pour leur complaisance quant au sensationnel. Il s'agit donc de la part de la presse mainstream d'un réflexe de classe, de corporation, compréhensible mais irresponsable...
Je vous propose de lire ce qu'en dit la Bible des bobios (les bobos cumulant l'abonnement à Télérama, la carte fidélité Nature et Découvertes et les bons d'achat Gaylor-Hauser chez Biocoop), la Pravda de l'humanophobie, le vademecum du cycliste en centre-ville-théâtralisé, le couteau suisse du paramilitaire anti-nucléaire, j'ai nommé Les Inrockuptibles.
Pascal Bruckner y est traité, avec finesse, de paranoïaque mais je lis, dans la même page de la version numérique de cet erythème journalistique, un autre article de propagande écolo qui commence ainsi : "Catastrophes écologiques, accidents nucléaires, destruction de la biodiversité, bombe démographique, épuisement des ressources naturelles, des gisements carbonés... : l'humanité est confrontée à une menace disséminée". On appelle ça comment, docteur ?
Le pauvre pigiste de ce pensum sans surprise aurait dû lire le livre dont il tente péniblement de parler. Il pourrait ainsi vérifier par lui-même que les
dégueulis anti-humanistes des pseudo-philosophes comme Dominique Bourg, Hans Jonas, Günther Anders et leurs collègues de l'écologie profonde n'ont pas été inventés, qu'ils sont authentiques. On
peut lire avec intérêt la citation d'Anders p. 84 ou celle de Serge Latouche, le Léonard de Vinci de la bêtise écologiste, p. 214.
Ce pauvre pigiste pourrait vérifier, en lisant ses propres lignes, que la furia médiatique qui dure depuis les années soixante, finit par donner dans le Goebbels. Un exemple ? La première phrase de ce torchon ! La voici, telle qu'en elle-même : "A mesure qu'elle progresse dans les consciences, l'écologie agace ses adversaires."
L'écologie ne peut QUE progresser, et encore faut-il que ce soit dans les consciences, comme le sentiment de péché chez les catholiques. Et là, plus de choix : l'écologie, tu t'accroupis devant ou tu deviens un ADVERSAIRE. L'écologie ne peut admettre la discussion, elle n'a alors QUE des adversaires. Ce n'est dont pas une science car une science imposerait un débat rationnel. Ce n'est donc pas une politique, car une politique se décide par consensus. C'est une religion, un nouveau totalitarisme qui nécessite, pour s'imposer, des chantres comme notre pigiste vomitif.
Nous qui aimons la démocratie, le débat, nous qui haïssons le totalitarisme, nous n'avons pas peur de lire des livres avec lesquels nous ne sommes pas d'accord ! Nous pouvons ainsi en discuter entre adultes et laisser la marmaille aux très corruptibles Inrockuptibles.
On se sent alors plein de compassion pour ce misérable obligé d'aller au charbon journalistique, et de dégobiller sur un livre qu'il n'a pas le temps d'avoir lu.
Tout juste un exercice obligé, une figure imposée de l'applatissement médiatique, un aveu de capitulation de l'esprit critique.