Minarets et amalgames
La Rapporteur Spéciale pour l'ONU, Asma Jahangir, interprète cette interdiction comme une "restriction injustifiée de la liberté de manifester sa religion et constitue une discrimination évidente à l'encontre des membres de la communauté musulmane en Suisse".
Que l'on ne soit pas d'accord avec cette interdiction est une chose. Que l'on conteste le résultat d'un vote démocratique en est une autre.
Y voir une discrimination est justifié si l'on parle d'un point de vue privé. Mais de la part d'un représentant d'une instance censée défendre, sur la scène internationale, les valeurs démocratiques (si, si, si... on ne rit pas...), c'est un peu curieux. On aimerait autant de virulence dans des situations symétriques. De tels propos ne peuvent donc que solidifier un peu plus le mur d'intolérance qui, dans un contexte de capitalisme mondialisé, sabote la démocratie.
Il serait plus constructif de se demander ce qui, dans le contexte précis de la Suisse, a ainsi provoqué ce niveau d'incommunication entre les 400 000 musulmans de Suisse et leurs concitoyens, et sur les multiples façons dont se manifeste la discrimination, bien plus graves à mon sens que cette question des minarets, comme la discrimination à l'embauche. Ça permettrait d'avancer sur les dossiers de la représentativité des communautés religieuses minoritaires dans les instances politiques et sur le droit de "manifester sa religion" dans un état laïque.